Introduction par Pièces et main d’œuvre: Un an après la Commune, à l’automne 1872, Friedrich Engels, l’alter ego de Marx, exécute les « antiautoritaires » – c’est-à-dire les anarchistes et libertaires de l’époque – dans un article aussi bref que brillant. Si nous le republions un siècle et demi après sa parution dans l’Almanaco Republicano, ce n’est pas que nous, les anti-industrialistes, nous rendions à la rationalité technicienne de Engels, mais parce que celui-ci a l’avantage sur ses adversaires de poser le débat en termes clairs et corrects, et de mettre en lumière leurs contradictions.
Sociologie
L’individu tyran par Éric Sadin
Dans son nouvel ouvrage « L’Ère de l’individu tyran. La fin d’un monde commun (Éditions Grasset), Éric Sadin analyse le phénomène inquiétant de l’émergence d’individus se croyant autonomes et tout-puissants alors qu’ils sont le produit d’une soumission à la croissance et au néolibéralisme.
L’article se compose de la quatrième de couverture du livre et d’un extrait de l’entrevue qu’il a donnée au journal « La décroissance N°154 »
« Réflexions sur le racisme » par Cornelius Castoriadis
Exposé au colloque de L’ARIF « Inconscient et changement social », le 9 mars 1987.
Publié dans Connexions, n° 48, 1987,
puis dans Les carrefours du Labyrinthe III – Le monde morcelé, 1990, Seuil
(mis en ligne en 2009 sur le site du collectif Lieux communs).
Nous sommes ici, cela va de soi, parce que nous voulons combattre le racisme, la xénophobie, le chauvinisme et tout ce qui s’y apparente. Cela au nom d’une position première : nous reconnaissons à tous les êtres humains une valeur égale en tant qu’êtres humains et nous affirmons le devoir de la collectivité de leur accorder les mêmes possibilités effectives quant au développement de leurs facultés.
Un « régime de travail réellement humain » par Alain Supiot
Extrait de l’ouvrage de Alain Supiot « La gouvernance par les nombres » paru en 2015 aux éditions Fayard.
L’aspiration à un « régime de travail réellement humain » est elle compatible avec l’ « organisation scientifique du travail » et la mobilisation totale du capital humain dans une compétition généralisée ? La réponse dépend de l’interprétation que l’on fait de la notion de « régime de travail réellement humain » […]
Les femmes et la vie ordinaire – Christopher Lasch
Extrait du chapitre « Division sexuelle du travail, déclin de la culture civique et essor des banlieues » tiré de l’ouvrage de Christopher Lasch, « Les femmes et la vie ordinaire »
LASCH C. Les femmes et la vie ordinaire – 5. Division sexuelle du travail, déclin de la culture civique et essor des banlieues. Flammarion Champs essai, 1997, pp163-169
Les cinq stades de l’effondrement, par Dimitry Orlov
« Il y a une décennie et demi, le monde est passé de bipolaire à unipolaire, parce que l’un des pôles s’est désagrégé : l’Union soviétique n’est plus. L’autre pôle – symétriquement appelé les États-Unis – ne s’est pas (encore) désagrégé, mais il y a des grondements menaçants à l’horizon. L’effondrement des États-Unis semble aussi improbable maintenant que l’était l’effondrement de l’Union soviétique en 1985. L’expérience du premier effondrement peut-être instructive pour ceux qui souhaitent survivre au second. »
Dmitry Orlov
Typologie électorale par Alain Deneault
Cet extrait de la préface du livre de Alain Deneault, « Politique de l’extrême centre » (cad de la médiocratie), nous offre une sorte de sociologie de l’électorat .
Le terme médiocratie, composé de médiocre avec le suffixe -cratie, a d’abord été utilisé en 1844 dans le sens de gouvernement de la classe moyenne. Il s’emploie à propos d’’une organisation où règne la compétence moyenne, l’opinion moyenne, qui fonctionne en recherchant l’homogénéité au détriment de la diversité, et qui ne parvient pas ou ne veut pas attirer « les meilleurs », ni les placer à sa tête. Médiocre vient du latin mediocris : moyen
L’intelligence collective pour féconder la gauche libertaire et donner corps à un convivialisme, par Michel Martin
Je ne veux être l’objet de personne. Que ce soit au sein du couple, de l’entreprise et dans toute entité avec laquelle j’entretiens des relations. Réciproquement, je ne veux posséder personne. Concrètement, je souhaite consentir à toutes les décisions qui me concernent et réciproquement, je ne souhaite imposer aucune décision à quelque adulte que ce soit. J’adhère donc à un projet d’émancipation qui ne pose aucun problème tant que je suis seul, mais qui se complique rapidement dès que je m’associe à d’autres pour former un collectif. C’est qu’un chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut emprunter deux directions à la fois !
La tyrannie de l’absence de structure par Jo Freeman
Pendant les années où s’est dessiné le mouvement de libération des femmes, l’accent a été mis sur ce qu’on a appelé les groupes sans guide et sans structure, comme forme principale du mouvement. L’origine de cette idée était une réaction normale contre la société sur-structurée dans laquelle la plupart d’entre nous vivions, le contrôle inhérent que cela donnait aux autres sur nos propres vies et l’élitisme habituel des groupes gauchistes ou similaires au sein desquels nous étions sensés combattre ces mêmes structures.
L’idée d’ »absence de structure », cependant, a dévié, passant d’un contre-pied sain à de telles tendances pour devenir une idole à part entière.