Les conséquences des dérives du monde moderne sur les abeilles par jean-Claude Guillaume 2/2

9 Sep 2022

Nous avons vu dans la première partie que l’apiculture moderne a une grande responsabilité dans la fragilisation des colonies d’abeilles. Outre les problèmes environnementaux et celui du frelon asiatique, l’apiculture moderne est à l’origine de nombreux facteurs d’affaiblissement des populations d’abeilles :

  • Habitat inadapté et ruches trop grandes
  • Présence de cadres
  • Présence de cire gaufrée
  • Mauvaise régulation ventilation température et humidité
  • Ouvertures de ruches et interventions beaucoup trop fréquentes de l’apiculteur
  • Prélèvements trop importants dans les produits de la ruche
  • Hivernage dans une ruche moderne à cadres
  • Colonies sous-alimentées ou alimentées à base de sucre ou de sirop de substitution
  • Transhumance
  • Traitements chimiques appliqués sur les abeilles dans leur ruche

Principes généraux de la ruche écologique

La solution à cette problématique de l’abeille, n’est donc pas de tenter de lutter contre les conséquences visibles (maladie ou parasite) comme cela se pratique sans grand succès depuis des années, mais de s’attaquer aux causes réelles de ces problèmes et de leurs conséquences, et de les éliminer. Ou, tout au moins, faire en sorte que l’abeille n’y soit pas confrontée.

Sans cette autre approche du combat à mener, car cela en est un, nous n’aboutirons pas.

Ayant bien analyser l’ensemble de cette problématique, nous avons cherché à éliminer au maximum les facteurs négatifs. Et pour cela nous sommes remontés à nos ruches de paille et à leur fonctionnement.

Dans ces ruches primaires, l’abeille se portait bien. Les récoltes de miel n’étaient pas très conséquentes il est vrai, mais l’abeille en très grand nombre pouvait assumer son rôle essentiel qui est avant tout la pollinisation.

Il fallait donc analyser le mode vie naturel des abeilles dans ce type de ruche, et en le comparant à celui que nous offrons à cette abeille des ruches modernes d’exploitation, concevoir une ruche dans laquelle les abeilles pourraient conserver ce mode de vie naturel et sauvage qui finalement est toute sa force.

Et c’est ainsi qu’après quelques années de recherches et d’essais en tous genres, et à partir du modèle naturel et sauvage de la ruche installée dans un tronc d’arbre, le meilleur modèle qui soit, et à partir également de la ruche de l’abbé Warré qui avait presque trouvé la ruche idéale, essais pour lesquels je n’ai pas la place pour les aborder ici, la ruche écologique a pu voir le jour.

Ses avantages sont nombreux et son efficacité est remarquable. Mais elle doit être implantée dans une zone saine dépourvue de facteurs toxiques aux abeilles. Cette ruche ne faisant quand même pas de miracles. Zones qui, il est vrai, sont de plus en plus rares compte tenu de l’évolution quelque peu négative de notre société et du développement de son industrie qui génère une pollution qui ne cesse de croître.

Et cette ruche est finalement très simple. Les éléments ont été élaborés et assemblés dans un souci de respect de l’abeille et de son mode de vie naturel, de permettre à l’abeille de gérer elle-même le contexte intérieur de sa ruche du point de vue du contrôle de la ventilation, de la température et de l’humidité, avec également le souci d’éviter toute dépense d’énergie inutile. Ceci pour limiter la consommation de miel aussi bien en pleine saison que pendant l’hivernage.

Composition de la ruche écologique

Cette ruche écologique se compose :

A la base, d’un plancher surélevé par quatre pieds tubulaires pour permettre de l’isoler du sol.

Sur ce plancher, les éléments tous semblables, qui s’empilent les uns sur les autres. Éléments vitrés à l’arrière pour permettre de faire un contrôle sans jamais ouvrir la ruche, toute ouverture provoquant, nous l’avons vu, des perturbations dans les colonies.

Ce nombre d’éléments étant fonction de la capacité des colonies à construire leurs rayons de cire, rayons similaires à ceux des ruches sauvages, fonction également de la qualité du contexte extérieur et de la flore à disposition sur le périmètre de butinage dont le rayon maximum est d’environ 3km, et fonction également des conditions climatiques auxquelles est soumis ce périmètre de butinage.

Ces éléments étant complétés sur le dessus, par un treillis en plastique (moustiquaire) qui est l’élément régulateur de la ruche, puis un élément contenant un coussin d’isolation, et enfin d’un toit très particulier qui fait office de chambre de ventilation et qui travaille comme un extracteur.

En fait, nous avons repris le principe de la ruche imaginée par l’abbé Warré, mais après une vérification minutieuse de ce modèle de base pour ce qui concerne ses dimensions, en lui apportant toutes les modifications nécessaires

L’élément isolant

Améliorations réalisées

La planche de vol est surbaissée par rapport au plancher pour éviter que de l’eau puisse pénétrer sur le plancher par fortes pluies ou avec vent.

Les éléments sont munis de vitres et de cache-vitres sur leur face arrière pour faciliter le contrôle.

Le module du coussin isolant qui s’emboîte sur l’élément supérieur et sur la moustiquaire, est muni d’une grille métallique pour éviter que le coussin isolant repose directement sur la moustiquaire, ce qui entraverait la bonne circulation de l’air.

Et le toit (chambre de ventilation) est muni d’orifices d’aération, un sur chaque face, afin que la fonction d’extraction ait un maximum d’efficacité.

Les éléments de la ruche écologique

Principe de fonctionnement

L’air qui pénètre dans la ruche par le seul trou de vol, va être aspiré par la chambre de ventilation (le toit), puis après avoir traversé le régulateur (la moustiquaire) il va passer à travers le coussin d’isolation et être éjecté vers l’extérieur par la chambre de ventilation (l’extracteur).

Au démarrage de la ruche, toutes mes mailles de la moustiquaire sont obturées par de la propolis, sorte de mastic élaboré par les abeilles, et lorsque les abeilles veulent modifier une donnée dans la ruche pour ce qui concerne la ventilation, la température ou l’humidité, elles vont agir en ouvrant ou en fermant les mailles de la moustiquaire. C’est simple, facile à gérer par les abeilles elles-mêmes, ce dispositif permet d’éliminer les ouvertures intempestives de ruche avec leur cortège d’inconvénients.

Ainsi l’abeille peut travailler en paix , dans une ruche confortable, qu’elle gère elle-même, sans jamais être dérangée. Ce qui est un progrès indéniable.


Pour en savoir plus:

Permaterra

Cette association expérimente en collaboration avec Jean-Claude Guillaume, une apiculture écologique qui a pour but de :

  • Protéger l’abeille, notamment l’abeille locale.
  • Sensibiliser l’humain au syndrome d’effondrement des colonies et aux solutions possibles.
  • Former les personnes désireuses de se diriger vers une conduite de ruche se rapprochant du modèle naturel.

Le livre « L’apiculture écologique de A à Z«  de Messieurs Frèrès et Guillaume (méthode complète, nouvelle édition, 816 pages, format A4, broché).

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Les conséquences des dérives du monde moderne sur les abeilles par jean-Claude Guillaume 1/2

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Nous savons tous que les abeilles sont en grand danger de disparition, or leur travail de butinage est de toute première importance pour notre avenir, et si cette catastrophe se poursuit, cela va perturber grandement le paysage et entre autres, la production de fruits et de légumes.
Les causes de cette disparition qui sont évoquées le plus souvent, sont les maladies, les parasites (le varroa), le frelon asiatique (prédateur redoutable venu de Chine) et les pesticides.
Nous allons voir que cette liste manque de précisions et est malheureusement incomplète.
Concernant les maladies, elles sont apparues voilà une bonne centaine d’années avec la modernisation du travail d’apiculteur. Nos ruches de pailles dans lesquelles les abeilles vivaient selon leur mode de vie naturel, ce qui est toute leur force, ont été progressivement remplacées par des ruches spécialement conçues pour exploiter l’abeille et pour en tirer un maximum de rentabilité et de profit (Miel bien sûr, mais également pollen, propolis et gelée royale). Et nous sommes passés d’une apiculture relativement primaire et paysanne, à une apiculture d’exploitation moderne. Ceci en abandonnant, nos bonnes vieilles ruches de paille ou d’osier dans lesquelles les abeilles travaillaient selon leur mode de vie naturelle et sauvage, ceci pour utiliser des ruches équipées de cadres en vue de cette exploitation.

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