L’APICULTURE ÉCOLOGIQUE PEUT LA SECOURIR
Jean-Claude Guillaume en collaboration avec permaterra
État des lieux
Nous savons tous que les abeilles sont en grand danger de disparition, or leur travailTravail Pour le courant de la critique de la valeur, Il ne faut surtout pas entendre le travail ici comme l'activité, valable à toute époque, d'interaction entre l'homme et la nature, comme l'activité en générale. Non, le travail est ici entendu comme l'activité spécifiquement capitaliste qui est automédiatisante, c'est à dire que le travail existe pour le travail et non plus pour un but extérieur comme la satisfaction d'un besoin par exemple. Dans le capitalisme le travail est à la fois concret et abstrait. Source: Lexique marxien progressif de butinage est de toute première importance pour notre avenir, et si cette catastrophe se poursuit, cela va perturber grandement le paysage et entre autres, la production de fruits et de légumes.
Les causes de cette disparition qui sont évoquées le plus souvent, sont les maladies, les parasites (le varroa), le frelon asiatique (prédateur redoutable venu de Chine) et les pesticides.
Nous allons voir que cette liste manque de précisions et est malheureusement incomplète.
Concernant les maladies, elles sont apparues voilà une bonne centaine d’années avec la modernisation du travail d’apiculteur. Nos ruches de pailles dans lesquelles les abeilles vivaient selon leur mode de vie naturel, ce qui est toute leur force, ont été progressivement remplacées par des ruches spécialement conçues pour exploiter l’abeille et pour en tirer un maximum de rentabilité et de profit (Miel bien sûr, mais également pollen, propolis et gelée royale). Et nous sommes passés d’une apiculture relativement primaire et paysanne, à une apiculture d’exploitation moderne. Ceci en abandonnant, nos bonnes vieilles ruches de paille ou d’osier dans lesquelles les abeilles travaillaient selon leur mode de vie naturelle et sauvage, ceci pour utiliser des ruches équipées de cadres en vue de cette exploitation.
C’est peu après la mise en service de ces nouveaux types de ruche, que les maladies ont commencé à apparaître. Ce qui n’a pas malheureusement pas généré une réflexion profonde sur ce problème naissant . Comme promis, les récoltes de miel conséquentes étaient au rendez-vous, seul ce résultat avait de l’importance.
Toutefois, ces maladies que d’aucuns traitaient avec peu de moyens, prirent tout doucement une certaine importance sans générer non plus la réflexion qu’il aurait fallu avoir sur le sujet. Les moyens très limités employés pour essayer d’enrayer ces maladies n’étant plus suffisants, on fit appel à différents produits chimiques, et cela a été la plus grosse erreur car faire entrer la chimie dans les ruches, c’était faire entrer le loup dans la bergerie.
Et depuis lors, cette industrie chimique s’est rendue « indispensable » en prenant de plus en plus d’importance, au bénéfice des laboratoires et des revendeurs de produits en tous genres, plus particulièrement le varroa dont on parle beaucoup, mais sans venir à bout des problèmes malgré les traitements répétés, compte tenu qu’ils ont été mal analysés.
Dans ces deux cas : maladies et varroas, il faut savoir que ces traitements génèrent des résidus des produits utilisés qui se retrouvent dans des pourcentages divers, à la fois dans les cires et dans le miel.
Quant au frelon asiatique, redoutable prédateur venu de Chine, et qui fait d’énormes dégâts dans les colonies en s’attaquant aux abeilles, nous ne pouvons que déplorer que les instances officielles : Ministères de l’agriculture et de l’écologie n’aient pas fait le nécessaire pour le neutraliser et enrayer sa prolifération dans tout le pays. Nous en viendrons probablement à bout, mais il n’y a pas vraiment de volonté des politiques pour aider les apiculteurs dans une lutte difficile pour son extermination.
En ce qui concerne les pesticides qui font eux aussi beaucoup de dégâts dans les colonies, pesticides agricoles notamment, qui sont fréquemment dénoncés, et avec raison, là encore, il n’y a pas vraiment de volonté politique pour les interdire. Le ministère de l’agriculture qui gère à la fois l’agriculture et l’apiculture dont les intérêts sont tout à fait opposés, porte également une lourde responsabilité.
A ce sujet, je considère qu’avoir confié la gestion de l’abeille à ce ministère de l’agriculture, est une erreur grossière et incompréhensible. L’abeille ayant été classée dans la catégorie des animaux d’élevage, cela a ouvert la porte à son exploitation qui a atteint aujourd’hui ses limites et qui en montre les séquelles.
Ces causes que je viens d’évoquer et qui sont régulièrement mises en avant pour justifier cette éradication en cours, ne sont malheureusement pas les seules, mais de celles là, on en parle pas. Il s’agit des causes dues à l’exploitation même de l’abeille.
Elles viennent compléter celles officiellement reconnues et qui ont été évoquées précédemment.
Dans nos ruches primaires, de même que dans les ruches sauvages, l’abeille travaillait selon un mode de vie naturel. Or dans les ruches modernes d’exploitation, ce mode de vie naturel n’est plus possible, ce qui génère de nombreux problèmes supplémentaires dont on ne parle pas mais qui sont néanmoins à prendre en considération car ils sont importants et également à la source de l’affaiblissement des colonies.
Ces facteurs d’affaiblissement sont les suivants :
Habitat inadapté et ruches trop grandes
Les ruches modernes d’exploitation sont généralement trop grandes et ne respectent pas le mode vie naturel de l’abeille. Or ce mode de vie naturel est important pour un développement optimum des colonies. Elles offrent aux abeilles de mauvaises conditions de vie, une gestion difficile du contexte intérieur, ce qui génère des problèmes sanitaires qui peuvent déboucher sur des maladies. Le volume intérieur des ruches modernes est difficile à gérer par les abeilles à cause d’une mauvaise régulation : ventilation température et humidité.
Présence de cadres
C’est un handicap majeur à la bonne régulation ventilation température et humidité en raison du manque de cloisonnements comme c’est la cas dans les ruches sauvages ou en paille.
Présence de cire gaufrée
Cela impose à l’abeille une méthode de travail qui ne lui est pas naturelle car elle doit fabriquer ses alvéoles à partir de plaques préformées constituées de cire de récupération. Ce dispositif de plaquettes de cire préformées ne permet pas à l’abeille de travailler naturellement en construisant elle-même ses rayons de cire naturelle et de très bonne qualité.
Mauvaise régulation ventilation température et humidité
Elle est à la source d’un mauvais état sanitaire des ruches et de ses conséquences. Maladies, travail supplémentaire, fatigue inutile, gaspillage d’énergie.
Ouvertures de ruches et interventions beaucoup trop fréquentes de l’apiculteur
Chocs psychiques aux conséquences inconnues, stress, chocs thermiques nocifs au couvain particulièrement, nécessité de rétablir une bonne régulation, après chaque ouverture, travail et fatigues inutiles, gaspillage d’énergie, consommation supplémentaire de miel.
Prélèvements trop importants dans les produits de la ruche
Miel et produits annexes à destination notamment des labos pharmaceutiques. Surexploitation, déséquilibre alimentaire, épuisement des colonies, développement de virus et de maladies, sont à l’origine d’un mauvais état sanitaire des colonies.
Hivernage dans une ruche moderne à cadres trop volumineuse
Processus difficile et qui n’est pas naturel, possibilité de sous alimentation des colonies et d’épuisement, les rendant vulnérables aux maladies, aux parasites et notamment au varroa. Mauvais état sanitaire des ruches et des colonies, avec mort des colonies.
Colonies sous-alimentées ou alimentées à base de sucre ou de sirop de substitution
Déséquilibre alimentaire, sous-alimentation avec possibilités de carences, risque de disette, épuisement des colonies, avec mauvais état sanitaire, développement de virus et de maladies, avec mort des colonies.
Transhumance
Stress, dispersion et acquisition d’éléments pathogènes, chocs physiques aux conséquences inconnues, possibilité de développement de virus et de maladies.
Traitements chimiques appliqués sur les abeilles dans leur ruche
Conséquences à terme inconnues mais qui ne peuvent pas être nulles.
Tout ceci bien entendu sans tenir compte des facteurs supplémentaires et étrangers aux ruches, tel que les épandages de pesticides et d’herbicides agricoles, une utilisation de plus en plus fréquente de semences enrobées qui donneront des plantes porteuses et génératrices du pesticide ha-dock, un emploi de plus en plus courant de produits phytosanitaires dans les jardins, une pollution généralisée chimique et technologique. Tous ces facteurs pris séparément ou conjugués qui ont été ignorés ou minimisés, jouent néanmoins un rôle indéniable dans l’affaiblissement et l’anéantissement des colonies, en s’ajoutant aux causes retenues officiellement.
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